Le visa en poche et les valises sous les yeux, nous atterrissons à Makassar, au sud de Sulawesi. L’île indonésienne est de la même superficie que la France, et point de TGV ici… un mois ne sera pas de trop !
Remis de notre voyage, nous visitons Makassar, sa promenade de bord de mer et ses pisang epe, bananes cuites au barbecue et recouvertes de copeaux de chocolat. L’accueil est aussi chaleureux qu’à Sumatra, les sourires et les demandes de selfies pleuvent tout au long de la journée.
Rantepao, à une nuit de bus de Makassar, sera notre ville étape dans le pays Toraja, une ethnie aux traditions… particulières. Mais nous y reviendrons plus tard, commençons d’abord par la visite des lieux !
A peine sortis de la ville, nous évoluons entre les rizières et les maisons toraja, encore habitée par les anciens – les nouvelles générations ont préféré se construire une maison moderne à côté. L’heure est à la récolte, et tout le monde s’affaire aux champs. Seuls les buffles d’eau se la coulent douce, à patauger dans la boue. Le buffle est sacré ici, hors de question pour lui de travailler !



Entres autres productions agricoles, le vin de palme (tuak) et le café font la fierté des Toraja.

Lors d’une de nos randonnées, nous croisons la route d’Agus, charmant Toraja parfaitement anglophone, qui nous invite à déjeuner. Beaucoup de monde s’affaire chez lui, et pour cause : l’enterrement de sa mère est dans un mois. Là, il faut s’arrêter pour quelques explications.
Lorsqu’une personne meurt, les Toraja disent qu’elle est « malade ». Le corps est alors conservé dans la maison en attendant de pouvoir organiser son passage dans l’au-delà. Et cela peut prendre du temps, car la cérémonie funéraire se doit d’être grandiose, le point d’orgue d’une vie. Certains restent ainsi « malades » deux ans, comme la mère d’Agus.


Pendant qu’Agus et sa troupe se chargent donc de préparer l’évènement et de construire les estrades pour les invités, on se rend « utile » avec une bonne après-midi de baby-sitting ! En passant, Agus demande aux enfants de nous présenter la défunte, momifiée dans son cercueil… normal.

Maintenant qu’Agus nous a bien expliqué les traditions séculaires de la culture Toraja, il ne nous reste plus qu’à assister à une cérémonie. Août est la période prisée, et même le centre d’information touristique tient le planning hebdomadaire des cérémonies ! Nous sommes encore une fois bien loin de nos repères culturels, mais deux raisons à cela. Plus il y a de gens, plus il sera facile pour le défunt de monter au paradis. Et plus il y a de touristes à venir dans la région !
En Septembre par contre, les cérémonies se font plus rares. Nous rencontrons fortuitement Jacob, guide de son état, qui se propose de nous amener en scooter à l’une d’elles.
Les festivités n’ont pas encore démarré, mais il y a déjà beaucoup de monde. La famille appartient à la noblesse Toraja, et les invités sont nombreux. Les cochons aussi, apportés en cadeau pour honorer la défunte. Nous nous sommes contentés de quelques paquets de bonbons, le cochon ne passant pas à l’arrière du scooter.
On comprend très vite le sort de Nif Nif, Naf Naf et Nouf Nouf…


Après avoir rencontré l’un des fils de la défunte, on patiente en apprenant un peu de français à Jacob. Nous sommes une nouvelle fois invités à manger (du buffle cuit dans du bambou, étonnant), jusqu’ici tout va bien. Et puis arrivent les buffles…
Vous vous rappelez, le buffle, sacré, qui ne fait rien de ses journées, à se demander pourquoi il y en a tant dans les rizières ? Il s’avère être l’offrande suprême à un défunt, qu’il accompagne au paradis. Et je vous préviens, commissaire Biales, c’est une véritable boucherie. Pour éviter que les âmes sensibles, les enfants et Brigitte Bardot fassent des cauchemars après avoir lu cet article, fermez les yeux et passez outre le diaporama ci-dessous.
Rien que cette journée, quatre buffles y seront passés. Mais pour une personne issue de la noblesse, le minimum requis est de 24 buffles… et les plus fortunés – car l’animal coûte très cher – iront jusqu’à en sacrifier une centaine ! Les cornes qui ornent ensuite les maisons sont là pour évoquer le prestige de la famille.
Une fois les cérémonies terminées, le défunt quitte la maison pour rejoindre le « cimetière ». Une nouvelle fois, nous ne sommes pas trop dans les standards occidentaux. Et encore, nous n’avons pas assisté au Ma’nene, qui consiste tous les quatre ans à sortir le cadavre momifié de son cercueil pour lui refaire une petite beauté : vêtements, manucure, lunettes… Tout ceci nous paraît surréaliste, mais la mort est ici étroitement mêlée à la vie des Toraja.
Et si on finissait sur une note un peu plus légère ? Nous voilà à Tentena, et c’est l’heure de remonter en scooter ! Des cascades de Saluopo aux bords du lac Poso, ça se passe bien, très bien même 😉


Il aurait été dommage de se priver de cette balade, d’autant plus que nous ne reverrons pas de bitume pendant une bonne semaine ensuite… mais on vous garde ça pour le prochain article !
Quelle expérience et quel choc culturel ça fait reflechir.
Je crois que je n’aurais pas pu regarder les sacrifices des buffles… Bravo pour le scooter ça donne envie 😊
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Extraordinaire ! Quel honneur de partager toute cette vie ! Bises.
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Vous allez devenir les rois du selfie! Après la barmitsva, la cérémonie funéraire ! Vivement le prochain épisode ! Un mariage ? ??
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Magnifique !!!
Bises
Jojo
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